Communiqué de presse – Rencontre annuelle du FODERE – 17.11.2023

Perspectives économiques moroses dans les régions européennes

  • Le Forum pour le développement des entreprises des régions européennes (FODERE) réunit cinq régions parmi les plus dynamiques d’Europe d’un point de vue économique.
  • La pénurie de main d’œuvre qualifiée et un taux de chômage historiquement bas ont été noté dans toutes les régions.
  • La digitalisation, les aspects démographiques, les enjeux climatiques et les prix de l’énergie sont des préoccupations communes.

Le 17 novembre à Genève, la Fédération des Entreprises Romandes (FER) a reçu la rencontre annuelle du Forum pour le développement des entreprises des régions européennes (FODERE). Après une matinée de conférences portant sur la transition digitale et son impact sur le marché de travail, les cinq organisations patronales membres (Fédération des Entreprises Romandes, MEDEF région Auvergne Rhône-Alpes, Foment del Traball (Catalogne), Landesvereinigung Baden-Württembergischer Arbeitgeberverbände (UBW) et Confindustria Piemonte) ont abordé la situation économique et politique de leurs régions.

Pénurie de main d’œuvre

Toutes les régions ont fait état de taux de chômage réjouissants, bien qu’à des degrés divers, compris entre 2% pour la Suisse, 7% en France et 9,3% en Espagne. Ces chiffres historiquement bas vont de pair avec une forte pénurie de main-d’oeuvre qualifiée et une mutation en profondeur des attentes des travailleurs face au monde du travail. «Le covid a représenté un vrai virage sociologique, entraînant une transformation du travail et un changement du rapport au travail», a insisté Jean-Luc Raunicher, président du MEDEF Auvergne-Rhône-Alpes. Dans le Bade-Wurtenberg, il est intéressant de constater que cette pénurie de main-d’oeuvre était la première préoccupation des entreprises il y a peu. C’est désormais la faiblesse de la demande intérieure qui occupe cette place, explique Manuel Geiger, directeur de l’UBW.

Crise énergétique et inflation

En Allemagne, les PME disent haut et fort leurs craintes face aux prix de l’énergie, qui ont un fort impact sur les chaînes d’approvisionnement. Le prix des biens de consommation augmente aussi, ce qui a pour conséquence que les perspectives économiques pour 2024 sont peu optimistes; les entreprises allemandes investissent peu. En Catalogne aussi, l’index des prix se maintient à un niveau élevé, indique Joan Roget, vice-président du Foment des Treball Nacional. Il se réjouit néanmoins de constater que le PIB est en progression, avec des investissements étrangers en augmentation, ce qui témoigne du dynamisme de la région.

Exportations

Après un début d’année très positif, notamment pour le secteur automobile, le Piémont note une baisse de la consommation des ménages et une baisse des exportations, explique Gianluca Giordano, vice-président régional pour les PME de la Confindustria Piemonte. En Suisse, la force du franc a aussi une incidence sur les entreprises orientées vers l’exportation, qui paient ainsi le prix de la politique anti-inflationniste de la Banque nationale suisse, estime Ivan Slatkine, président de la FER.

Industrialisation et enjeux environnementaux

Jean-Luc Raunicher relève «la fin d’une mondialisation heureuse». Si celle-ci a largement permis à des pays pauvres d’améliorer leur condition ces dernières années, la crise énergétique qui a suivi la crise pandémique a sonné le glas des échanges mondiaux fluides. Retrouver une souveraineté industrielle est désormais une priorité pour la France. Ce sera un des plus grands enjeux à venir, tout comme la nécessaire transition environnementale, qui suppose des investissements de l’ordre de 40 à 50 milliards d’euros par année en France, dont la majorité n’aura probablement pas d’incidence sur la compétitivité ou la performance des entreprises. Les questions de durabilité ont aussi été adressées par Gianluca Giordano. «Dorénavant, les entreprises ne vendront pas que des produits, mais des processus», juge-t-il. Il évoque aussi les problématiques démographiques liés à la dénatalité et au vieillissement de la population. Celles-ci sont aussi perceptibles en Suisse, pesant notamment sur les assurances sociales, qui sont au programme politique de 2024 ou encore sur les coûts de la santé, rappelle Ivan Slatkine.